La réforme de l’orthographe : qu’en est-il depuis sa mise en place ?

Publié par RedacDesign le

Aimez-vous le ponch ? Ou peut-être préférez-vous le punch ? À moins que vous ne vouliez manger une tarte à l’ognon (ou à l’oignon !) lors d’un piquenique (ou bien pique-nique) ? Vous venez sûrement de faire un bon devant certains mots, et bien rassurez-vous, moi aussi ! La réforme de l’orthographe de 1990 a modifié, en autres, les règles d’écriture des mots composés et des mots irréguliers. Plus de trois décennies plus tard, les deux versions de l’orthographe coexistent encore. Découvrez dans cet article les grandes lignes de la réforme et le rôle de l’École et des correcteurs d’orthographe dans sa diffusion.

Les impacts de la réforme de l’orthographe de 1990

Les premiers imprimeurs ont été les premiers à commencer à normer l’orthographe. Aujourd’hui, c’est l’Académie française qui est chargée de « contribuer au perfectionnement et au rayonnement des lettres ». Elle a proposé plusieurs réformes de l’orthographe, depuis sa création en 1635, dont la dernière en 1990.

Cette réforme se concentre principalement sur l’orthographe lexicale, c’est-à-dire la façon d’écrire les mots, et peu sur l’orthographe grammaticale (les accords dans les phrases). Elle ne concerne également que 2 000 à 2 500 mots sur les 50 000 à 60 000 que contient un dictionnaire d’usage courant.

Les principales modifications apportées par la réforme

  • Les nombres composés. On utilise dorénavant le trait d’union entre chaque terme du nombre composé : vingt-et-un, deux-cents…
  • Les mots composés. Certains mots composés deviennent soudés comme porte-monnaie, qui devient portemonnaie (comme portefeuille). Le pluriel des mots composés suit la règle du pluriel des mots simples : le 2e terme prend la marque du pluriel : un après-midi, des après-midis
  • Les mots empruntés à d’autres langues. Les mots empruntés suivent les mêmes règles d’accentuation et de pluriel que les mots issus du français : un scénario et des scénarios.
  • Les accents. L’accent circonflexe est supprimé sur les lettres i et u, sauf quand il permet de distinguer des homonymes (sur et sûr) et l’accent sur la lettre e se conforme à la prononciation (à l’instar d’évènement). Le tréma quant à lui est déplacé sur la lettre u pour indiquer qu’elle se prononce, ainsi aiguë devient aigüe. On ajoute également un tréma à certains mots pour indiquer que le “ u ” se prononce, comme pour gageüre, par exemple.
  • Le non-doublement des consonnes l et t. Les verbes en -eler et -eter  se conjuguent comme « peler » ou « acheter », c’est-à-dire avec un seul t ou l : par exemple, j’amoncelle devient j’amoncèle. Mais, comme la langue française aime les exceptions, appeler et jeter gardent leurs doubles consonnes (ils appellent, ils jettent).
  • Les anomalies orthographiques. La graphie de quelques mots est modifiée pour être en accord avec les mots de la même famille (chariot devient charriot comme charrette et charrue) ou pour être en accord avec leur prononciation (le fameux oignon devient ognon).
  • L’accord du participe passé des verbes pronominaux. Il est invariable quand il est suivi d’un verbe à l’infinitif (par exemple, elle s’est laissé mourir, elle s’est fait mal).

La lente mise en application de la réforme de l’orthographe

En 1992, l’Académie française applique les règles sur les accents dans la neuvième édition de son Dictionnaire. Dans la vie courante, les nouvelles règles orthographiques ont mis plus de temps à être appliquées.

Dans les manuels scolaires

La diffusion et l’enseignement des nouvelles règles orthographiques ont mis du temps à se mettre en place dans l’Éducation nationale. Dès 1990, les deux orthographes ont été acceptées par les correcteurs lors des examens du Brevet ou du Baccalauréat. Pourtant, ce n’est que 17 ans plus tard, en 2007, que l’orthographe rectifiée est reconnue par l’Éducation nationale. La nouvelle orthographe devient la référence dans les programmes en juin 2008. Mais il faut encore attendre l’année 2015 pour que certains éditeurs commencent à appliquer la réforme de l’orthographe.

L’apprentissage de l’orthographe peut donc suivre les anciennes ou nouvelles règles selon les manuels scolaires. Les instructions officielles rappellent que « les rectifications restent une référence mais ne sauraient être imposées. […] Dans l’enseignement aucune des deux graphies (ancienne ou nouvelle) ne peut être tenue pour fautive ».

Dans les correcteurs d’orthographe

Les premiers correcteurs d’orthographe pour l’informatique et le traitement de texte ont été développés dans les années 1990. Ils ne prenaient alors pas en compte l’orthographe rectifiée. Les utilisateurs de ces outils pouvaient donc difficilement appliquer les nouvelles règles. En effet, le correcteur leur aurait systématiquement signalé leurs « erreurs »… Les plus fervents défenseurs de la réforme auraient pu ajouter manuellement les formes rectifiées dans le dictionnaire personnel du correcteur, mais cela aurait été terriblement chronophage et donc difficile à mettre en place.

Depuis le début des années 2000, les nouvelles versions des correcteurs proposent l’orthographe rectifiée. L’utilisateur a le choix, selon le logiciel, d’accepter uniquement la nouvelle ou l’ancienne orthographe ou bien encore d’autoriser les deux versions. La diffusion de l’orthographe rectifiée est donc grandement liée à l’adaptation des correcteurs d’orthographe aux évolutions de la langue.

Pour vous aider à choisir un correcteur d’orthographe, vous pouvez compter sur l’Association pour la nouvelle orthographe qui a créé un label de qualité « orthographe-recommandee.info ». L’association réunit différents experts indépendants issus de pays francophones pour attribuer le label aux programmes de correction qui utilisent correctement les nouvelles règles orthographiques. Les logiciels Antidote et ProLexis ainsi que les correcteurs de suite Office et de OpenOffice.org ont obtenu cette reconnaissance.

Dans les autres pays francophones

La réforme de l’orthographe de 1990 a été également instaurée dans les régions francophones telles que la Belgique, la Suisse et le Québec. Les élèves ne peuvent être sanctionnés s’ils utilisent une version rectifiée ou ancienne de l’orthographe. En Belgique, les professeurs doivent en priorité faire apprendre l’orthographe rectifiée ; alors qu’au Québec, ils peuvent enseigner les deux versions de l’orthographe.

La réforme de l’orthographe et vous

La langue française est une langue vivante, il est donc normal que les règles écrites évoluent avec les usages. Le passage d’une ancienne à une nouvelle orthographe ne peut se faire en un claquement de doigts. Les anciennes graphies comme oignon cohabitent avec les nouvelles comme ognon et ce sera encore le cas dans le futur. Il n’est donc pas rare de voir l’une ou l’autre graphie dans les pages d’Internet.

De votre côté, si vous souhaitez maîtriser toutes les subtilités des deux orthographes, une formation en ligne, comme l’une de celles proposées par Projet Voltaire, est utile pour mettre à jour vos connaissances. Aussi, lorsque vous faites appel à un rédacteur web pour rédiger le contenu de votre site ou de votre blog, précisez-lui votre préférence entre l’orthographe rectifiée ou l’ancienne. C’est l’un des moyens à votre disposition pour véhiculer votre image ou l’image de votre entreprise et pour vous adapter à la sensibilité de vos lecteurs.

Par Emilie Caugant

Sources :


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